Le bilan de la saison 2025 sur l’île aux Moutons confirme, une fois de plus, l’importance d’une vigilance constante et de suivis scientifiques rigoureux pour préserver la biodiversité. Entre gardiennage quotidien et études de pointe, sternes, gravelots et huîtriers pie trouvent ici un refuge indispensable pour se reproduire. Ce fragile équilibre entre nature sauvage et activités humaines repose sur l’engagement sans faille de Bretagne Vivante et de ses volontaires.
Située au large de Fouesnant-les-Glénan, l’île aux Moutons fait partie du réseau des réserves associatives de Bretagne Vivante depuis 1960.
Cette petite île, véritable sanctuaire pour la faune sauvage, accueille chaque année au printemps de nombreuses espèces d’oiseaux nicheurs. La Sterne de Dougall, extrêmement rare et classée en danger critique d’extinction, y trouve l’un de ses seuls sites de reproduction en France, tandis que la Sterne pierregarin et la Sterne caugek se reproduisent en centaines de couples. D’autres espèces emblématiques, comme le Gravelot à collier interrompu, l’Huitrier pie, le Goéland argenté ou le Pipit maritime, trouvent également refuge sur l’île.
Depuis 1979, des opérations de gestion menées par Bretagne Vivante, en partenariat avec les propriétaires de l’île : Phare et balise, le Conservatoire du Littoral et la SCI Ar Moelez, ont permis de préserver cet habitat insulaire unique. Entre entretien des milieux, inventaires naturalistes, suivis scientifique et protection des espèces, l’association veille au maintien d’une biodiversité riche et fragile, véritable trésor naturel au cœur de l’archipel.
La tranquillité des oiseaux nicheurs constitue un enjeu majeur pour la reproduction des espèces. Depuis 1991, une surveillance quotidienne de l’île est assurée, initialement par des bénévoles et aujourd’hui par des volontaires en Service Civique de Bretagne Vivante, présents en continue sur l’île, pendant toute la période de reproduction de mi-avril à mi-août.
Pablo Guillemaud et Elisabeth Guerin, volontaires en Service Civique ont assuré cette année cette mission de gardiennage et veillé au respect des arrêtées préfectoraux interdisant le débarquement, l’accès à l’estran, le survol par drone ou l’introduction d’animaux domestiques. Grâce à leur vigilance, l’île reste un espace de quiétude pour les sternes et les autres oiseaux marins, garantissant de bonnes conditions de reproduction. Tout au long de la saison estivale, les services civiques ont également joué un rôle pédagogique essentiel, en venant au contact direct des plaisanciers, pêcheurs et kayakistes pour sensibiliser sur la richesse écologique du site et informer sur les bonnes pratiques et la réglementation. Une présence indispensable pour protéger ces espèces vulnérables.
Vivant six mois au cœur du site, ces deux jeunes diplômés de master en écologie confient :
L’île aux Moutons reste un site scientifique de premier plan en lien avec des observatoires régionaux et nationaux. Plusieurs programmes scientifiques de recherche d’envergure se sont poursuivis cette année :
Dans le cadre du programme SKRAPESK, des milliers de clichés de proies transportées par les sternes ont été collectés, afin de mieux comprendre leur régime alimentaire et l’évolution des ressources halieutiques locales. Par ailleurs, le programme MIGRATLANE a permis de baguer et d’équiper en balises GPS 26 sternes, afin de suivre leurs déplacements tout au long de la saison de reproduction. Ces suivis offrent des données indispensables pour adapter la gestion de la réserve et assurer la conservation des espèces.
Les résultats provisoires 2025 sur l’île aux Moutons indiquent une légère baisse des effectifs par rapport aux années précédentes. On estime la présence de 700 à 800 couples de sternes, dont une majorité de sternes caugek, environ 100 couples de pierregarin et seulement deux couples de Dougall. Ces dernières semblent avoir cherché cette année la fraîcheur des côtes d’Amor en trouvant refuge sur l’îlot de La Colombière, où le nombre de nids de Dougall a été estimé à 29.
Le Gravelot à collier interrompu a quant à lui produit 4 jeunes à l’envol sur 13 couples, tandis que l’Huitrier pie a produit 9 jeunes jeunes à l’envol pour 43 couples. Ces résultats montrent que, malgré quelques fluctuations annuelles, les îlots tels que La Colombière ou l’Île aux Moutons demeurent des refuges essentiels pour la protection des sternes et, plus largement, pour la biodiversité côtière.
La saison 2025 sur l’île aux Moutons a été encourageante pour les oiseaux marins. Sternes, gravelots et huîtriers pies ont pu se reproduire grâce à la vigilance des volontaires en gardiennage.
Le site reste toutefois fragile : le moindre dérangement peut mettre en péril cet équilibre délicat et compromettre la reproduction de ces oiseaux protégés. Bretagne Vivante rappelle l’importance du respect de la réglementation et souligne que moyens humains et suivis scientifiques sont essentiel pour permettre aux colonies de prospérer en toute sécurité. Face à l’afflux croissant de visiteurs sur l’archipel des Glénan chaque année, chacun a un rôle à jouer pour préserver ce refuge naturel.
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Crédits photos : M.Diard, Iwein le Frapper, Pablo Guillemaud, Elisabeth Guérin, Margot Le Guen, A.Chabrolle -MNHN