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oiseau du mois

Qui est l’oiseau du mois ?

Pluvier argenté Pluvialis squatarola – Morlivid-aod   Linnaeus, 1758

Les « accros » des limicoles attendent mai, mois particulièrement apprécié pour les observer en plumage (presque) nuptial lors de leurs remontées vers leurs zones de nidification nordiques. Fini les longs mois à les observer en plumage d’hiver, bien souvent de couleur gris brun. Le Pluvier argenté fait partie de ces échassiers que l’on peut voir (presque) toute l’année en groupe ou isolé sur les vasières, les estrans rocheux, dans les baies, les lagunes côtières de notre région.

D’un plumage neutre à un habit flamboyant …

Grand pluvier corpulent (31 cm pour une envergure de 71 à 83 cm et un poids de 170 à 240 g) , son attitude ramassée et un peu voutée, ses longues pattes, sa tête ronde avec de gros yeux noirs et un bec court épais le distinguent des autres pluviers. C’est aussi le seul à avoir un pouce à l’arrière des pattes.

En plumage hivernal, le Pluvier argenté est plutôt neutre : le dessous est clair, brun-gris avec quelques rayures grisâtres. La face est blanchâtre avec un léger sourcil visible. Le dessus est assez sombre, moucheté de brun noirâtre. Hors période nuptiale, le critère formel de détermination réside dans les plumes noires des aisselles, visibles uniquement en vol.

En période de reproduction, ce pluvier subit des transformations radicales, son plumage devenant noir et blanc. Le mâle revêt un étincelant dessus argenté contrastant fortement avec les parties inférieures noires. Une large bande blanche s’étend depuis le front, sur la calotte et la nuque et descend le long de la poitrine. Face, jabot, abdomen et flancs sont noirs. Les plumes des parties supérieures sont noires bordées de blanc. Le croupion et les couvertures sus-caudales sont blancs. La femelle en période de reproduction a les plumes du dessous noires liserées de blanc.

Des toundras aux vasières

Il niche dans les zones arctiques, de l’est de la Mer Blanche au détroit de Béring en Russie, puis du nord de l’Alaska jusqu’à la Terre de Baffin en Amérique du Nord. Les paysages de collines arides en alternance avec des toundras caillouteuses, ou dans des toundras fournies en roseaux, en mousses et en lichens sont ses lieux de prédilection pour nicher. 

En hiver, durant son séjour en France, il devient grégaire et est assez commun. Il fréquente les baies et estuaires du littoral de la Manche et de l’Atlantique, où les habitats intertidaux vaseux ou sablo-vaseux sont ses milieux de prédilection pour la recherche alimentaire. En migration, il peut être observé sur les lacs intérieurs, les réservoirs. 

A marée haute, les oiseaux se regroupent sur les prés-salés, les pointes rocheuses, les marais salants ou des lagunes peu profondes.

Un grand voyageur

Les populations nicheuses sibériennes utilisent 2 voies de migration pour rejoindre leurs zones d’hivernage. 

Les nicheurs de Sibérie occidentale prennent la voie de migration est-atlantique hivernant de l’Europe de l’Ouest jusqu’au Golfe de Guinée (environ 200 000 individus). Les nicheurs de Sibérie centrale et orientale hivernent en Asie du Sud-Ouest et des côtes Est-Africaines jusqu’à l’Afrique du Sud (90 000 individus).

Pour la voie est-atlantique, les principales zones d’hivernage sont la mer des Wadden (60% des effectifs), les estuaires britanniques (33500 en moyenne entre 2013 et 2017), la façade Manche-Atlantique française (33000 en moyenne entre 2016 et 2020) et la péninsule ibérique (entre 15 et 20000 individus). En Afrique, l’espèce hiverne en Tunisie et au Maroc et les derniers recensements donnent près de 34000 oiseaux surtout dans le parc national du banc d’Arguin en Mauritanie et l’archipel des Bijanos en Guinnée-Bissau.

Reproduction nidification

Il est monogame. Les couples sont territoriaux, se formant peu après l’arrivée sur les zones de reproduction. Ils se reproduisent dans les toundras arctiques riches en affleurements rocheux ou en graviers, marquées par une végétation rase et clairsemée. La période de nidification intervient assez tardivement au mois de mai et de juin.  

  • Nichant en couples séparés, les nids, de petites dépressions creusées au sol sont renforcées de petites pierres et garnies de mousses et de lichens. La ponte a lieu entre la mi-mai et la mi-juin selon les régions et les conditions météorologiques et compte généralement 4 œufs couvés par le couple pendant 26 à 28 jours, le mâle y prenant une part plus active que la femelle.
  • Les poussins, nidifuges, sont élevés par les deux adultes au début de l’élevage, mais les femelles quittent généralement le groupe familial avant l’envol des jeunes. Les adultes fournissent surtout une protection contre les intempéries et les prédateurs et défendent un territoire d’alimentation. Les poussins volent environ 30 jours après l’éclosion.

Le succès reproducteur varie beaucoup selon les années, en fonction de l’abondance des prédateurs qui dépend elle-même des pullulations de rongeurs sur les zones de reproduction.

La maturité sexuelle est atteinte à deux ou trois ans et le record de longévité est de 23 ans.

 

 

Sa nourriture

Son activité étant calée sur le rythme des marées, le Pluvier argenté se nourrit de jour comme de nuit essentiellement d’invertébrés tout au long de l’année. Sur les zones littorales intertidales, il recherche ses proies à vue, restant immobile, scrutant la surface du sédiment, puis capture les invertébrés à la surface avec quelques pas rapides.

Il nourrit ses jeunes avec des larves et des adultes d’insectes mais aussi, dans une moindre mesure, des herbes, des tiges, des graines et parfois des baies.
En hiver, à marée basse, seul ou en petites bandes, il trouve sur les habitats littoraux (vasières, fonds sablonneux, estran rocheux…) des annélides (vers marins), des mollusques gastéropodes et des crustacés.

Etat des populations et tendances d’évolution des effectifs

Il présente, à l’échelle mondiale et européenne, un bon état de conservation même si un déclin est noté concernant les populations de la voie migratrice est-atlantique.

En France les comptages Wetlands annuels à la mi-janvier montrent une augmentation modérée des effectifs sur le long terme (1980-2020) d’environ 1,6%/an et stable sur le court terme (2009-2020). 

Les comptages en Bretagne suivent cette évolution mais montrent surtout la responsabilité de la Bretagne puisqu’elle accueille entre 29,14% et 35,39% des hivernants de tout le littoral français (manche, atlantique et méditerranée) depuis 2011. Il faut noter cependant une lente diminution des hivernants depuis 2011 (de 35 à 30%), passant de 13 918 oiseaux comptés en 2011 à 9 725 en 2024. A noter que la Bretagne nord (du Mont Saint-Michel à Ouessant) accueille en moyenne 6 783 individus/an contre 4 413 pour la Bretagne sud (de Ouessant à la Loire). 

L’espèce est bien présente dans les espaces protégés. Les principaux sites d’hivernage sont désignés soit en ZPS : baie du Mont Saint Michel, RNN de Moëze-Oléron, Golfe du Morbihan (aussi RNCFS), baie de Bourgneuf (aussi réserve de chasse), île de Ré (aussi RNN), Baie des Veys, bassin d’Arcachon, soit en Réserve Naturelle Nationale (baie de l’Aiguillon).

Menaces potentielles

Le pluvier argenté ne fait pas partie des espèces menacées puisqu’il est classé par l’UICN en « préoccupation mineure » dans la liste rouge française. 

Etat écologique du pluvier argenté selon l’Union internationale pour la conservation de la nature. Cependant, sans que l’on dispose de statistiques ou études précises et récentes, il peut être affecté par :

  • les activités humaines sur le littoral induisant des pertes d’habitats (construction d’ouvrages portuaires, développement des cultures marines, endiguements …),
  • le dérangement lié aux activités récréatives sur le littoral (tourisme, pêche à pied, fréquentation des sentiers côtiers…),
  • l’ enrichissement des eaux côtières en sels nutritifs, induisant des changements des peuplements d’invertébrés benthiques et la présence de macro-algues vertes, phénomènes encore mal connus, 
  • le changement climatique peut provoquer des modifications dans les sites de nidification du haut Arctique, dans les changements de superficie des habitats intertidaux exploités en migration et en hivernage, 
  • enfin on n’a pas de statistiques des prélèvements réalisés par la chasse en France, seul pays européen l’autorisant encore, et son incidence éventuelle sur les populations.

Sources : 

Sites internet :  oiseaux.net, migraction, e-bird, oiseaux-bird, avibase.

HANDBOOK OF THE BIRDS OF THE WORLD Volume 3 by Josep del Hoyo-Andrew Elliott-Jordi Sargatal – Lynx Edicions – ISBN : 8487334202

SHOREBIRDS by Peter Hayman, John Marchant and Tony Prater – Christopher Helm – 1986 – ISBN: 0747014035 

GUIDE DES LIMICOLES de D. TaylorDelachaux et Niestlé – ISBN : 2603014080

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