Article oiseau du mois

Qui est l’oiseau du mois ?

Goéland cendré (Larus canus)

Gouelan louet

© P. Philippon

Ce goéland est le plus petit du genre Larus dans l’Ancien Monde : 40 à 46 cm pour une envergure de 108 à 119 cm et un poids de 335 à 450 grammes. Larus vient du mot grec qui désigne la mouette, canus vient du latin et signifie « blanc argenté ».

C’est un visiteur d’hiver commun sur nos côtes françaises où sa nidification est rare, car en limite méridionale de son aire de répartition. Il niche en Europe du Nord, et en particulier au Danemark. Comme tous les laridés, il change de plumage au cours de sa vie et des saisons. On dénombre quatre sous-espèces et celle qui nous concerne en Bretagne et en Europe de l’Ouest est Larus canus canus.

Description

Légèrement plus grand que la Mouette rieuse, il se reconnaît à sa tête ronde, son bec fin jaunâtre sans tache rouge sur la mandibule inférieure et à ses pattes allant du jaune verdâtre au jaune presque orangé, Du genre « Larus » il a hérité d’un plumage classique : un manteau gris cendré, le bout des ailes noir à taches blanches et la tête blanc pur.

En plumage d’hiver, l’adulte subit peu de transformations : la couleur du corps reste identique, simplement, la tête et la nuque se couvrent de légères stries grises, le bec est grisâtre avec une bande subterminale foncée. Les pattes deviennent grises, vert bleuâtre ou jaune verdâtre terne.

Avant d’arborer leur plumage adulte, les laridés passent par plusieurs plumages de type « immature ». Entre ces phases, l’oiseau mue son ancien plumage au profit du nouveau. Le goéland cendré présente trois phases (2 plumages immatures + plumage adulte). Ainsi, le goéland cendré juvénile est brun grisâtre avec des taches chamois sur la tête et la poitrine. En vol, les rémiges primaires externes paraissent plus foncées et une zone plus claire est visible sur les primaires internes. La queue est blanche avec une bande subterminale noire. Ce type de plumage s’estompe progressivement jusqu’à l’âge adulte atteint à deux ans

Comportement

La période du début de mars aux premiers jours d’avril voit l’arrivée des oiseaux sur les sites de reproduction qui seront occupés d’avril à juillet. Au plus tard au début août, ils seront désertés aussi bien par les adultes que par les jeunes.

Le Goéland cendré est un migrateur partiel qui abandonne en hiver les régions nordiques. En hivernage, les oiseaux du nord-ouest de l’Europe se dispersent essentiellement le long des côtes de l’aire de nidification de l’espèce atteignant parfois l’Afrique du Nord.

 

Reproduction

Il se reproduit depuis l’Islande jusqu’à la Mer blanche et du Nord de la Scandinavie jusque dans le nord de la France. Le Pas-de-Calais (bastion de la nidification en France), la Normandie (marais du Hode) et la Haute-Savoie (Delta de la Dranse) constituent la limite méridionale de l’aire de répartition. Il n’y a pas de nidification en Bretagne.

Il est plus opportuniste pour nicher que les autres Laridae. Ainsi en France, depuis la période 1995-2000, il se reproduit en colonies ou de façon isolée dans des carrières de craie, des dunes, des friches, des sites industriels divers, sur des toits (concurrence avec le Goéland argenté), marais d’eau douce, milieu lagunaire. Son nid, fait de diverses végétations est placé sur du sable, de la roche, un arbre, une digue, de la terre nue, de la végétation flottante, des toits, etc .

La période de reproduction s’étale de fin avril à début juillet. La ponte est en général de trois œufs brun verdâtre avec des taches irrégulières foncées. L’incubation, de 25 à 28 jours, est assurée par le couple qui nourrira ensuite les poussins d’insectes, de petits poissons jusqu’à l’âge de 20 jours où ceux-ci commencent à se nourrir seuls. Emplumés à 30-35 jours, ils deviennent alors indépendants.
A l’instar des Laridés, les deux adultes défendent le nid et les poussins, utilisant souvent des parades de distraction pour éloigner les prédateurs du site du nid. La longévité peut dépasser les 33 ans.

Alimentation

Prédateur, charognard et opportuniste, il se nourrit de tout ce qu’il trouve, animaux morts ou vivants, algues, mousses, graines, en fonction de l’habitat et des saisons.

Le long des côtes, il mange des coquillages échoués, des crustacés, des étoiles de mer, des petits poissons et peut jouer les pirates, poursuivant les mouettes pour leur voler leur nourriture. En eau douce, il capture des insectes et leurs larves (phryganes, libellules). Dans les terres, les prairies, les cultures lui offrent vers de terre, insectes, jeunes oiseaux et campagnols.

En groupe, les oiseaux se déplacent en volant sans cesse les uns au-devant des autres. Il se nourrit en marchant, en barbotant et en nageant. Il trempe aussi le bec dans l’eau tout en voletant au-dessus de l’eau. Les proies dont la coquille est dure sont jetées sur les rochers pour casser l’enveloppe.

Migrations

En France la migration prénuptiale s’échelonne de la deuxième quinzaine de février à fin mai avec un pic de passage fin mars . Ils migrent en groupes, formant de grands dortoirs de plusieurs milliers d’oiseaux le long des routes migratoires en automne, surtout au Danemark et aux Pays Bas.

La troisième décade de juillet voit le début de la migration postnuptiale qui se clôturera vers le 10 décembre.

Tendances et facteurs d’évolution

Non menacé à l’échelle de son aire de répartition mondiale, le Goéland cendré subit un léger déclin en Europe. Ce déclin est à l’origine de la mise en place par la Commission Européenne d’un plan de sauvegarde en 2009. La population européenne actuelle, estimée entre 640 000 et 1 080 000 couples, a perdu un peu moins de 25% en 30 ans.

La nidification française a débuté en 1966 dans le delta de la Dranse en Haute Savoie puis dans plusieurs départements à l’intérieur du territoire. Sur la façade Manche-Atlantique, le Pas-de-Calais voit la présence de 2 couples en 1976 pour aller jusqu’à 27 couples en 1983. À partir de 1995, ce département devient et reste aujourd’hui le bastion principal de nidification en France avec une moyenne de 30 à 35 couples par an.

La population hivernante est en déclin depuis 1990, ne représentant plus que 37 000 individus en 2012. L’enquête nationale de 2023 verra ou non cette confirmation, le tout dans un contexte de changement climatique où les hivers rigoureux ne sont plus fréquents.

Les populations sont menacées par les prédations et dérangements sur les colonies, les modifications d’habitat (drainage des zones humides) et les changements d’affectation des sols.

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