Couv PAB 252

Le n°252 de la revue Penn Ar Bed est arrivé !

Le numéro 252 de la revue Penn ar Bed éditée par Bretagne Vivante est disponible. Il a été réalisé en collaboration avec le Groupe Loup Bretagne et le Groupe Mammalogique Breton.

Disponible à l’achat en ligne sur notre boutique au prix de 9€ (hors frais d’envoi).

Édito

Le loup (Canis lupus) est de retour en Bretagne. Cela fut attesté une première fois par la découverte d’un cadavre à Saint-Brévin-les-Pins (Loire-Atlantique) en octobre 2021. Mais l’évidence s’est imposée quand le conservateur des réserves du Venec et du Cragou-Vergam dans le Finistère, Emmanuel Holder, salarié de Bretagne Vivante, a transmis simultanément à l’Office français de la biodiversité et au Groupe Loup Bretagne une vidéo enregistrée par piège photographique au début de mai 2022. C’est pourquoi il a semblé nécessaire de consacrer un numéro complet de Penn ar Bed à ce sujet¹ .

Le loup, aux divers costumes culturels, politiques, psychologiques, exprime mieux que toute autre espèce l’emprise qu’exercent nos semblables sur la faune, la flore et leurs milieux. Combien de légendes, de romans, de tableaux et de compositions musicales, combien de livres et de films documentaires ou de fiction, de travaux d’historiens, de biologistes et d’éthologues, combien d’articles de presse, tous en rapport avec le loup, alimentent notre imaginaire et notre connaissance ?

La part des représentations fantasmagoriques avait pris le devant de la scène depuis que le loup n’était plus présent que dans le langage, après qu’on l’eut éradiqué à grand renfort de poudres explosives ou toxiques, de chasses à courre, de pièges et de primes. Et voilà qu’il reprend sa place peu à peu dans nos paysages. Des images et des discours plein la tête, nous autres, Bretons du XXIe siècle, rencontrons une réalité concrète qui, si elle était annoncée par quelques-uns (les naturalistes du Groupe Loup Bretagne en tête), n’était pas prise en compte par l’immense majorité de la population.

La présence avérée du loup conduit à rechercher et mettre en place un modus vivendi censé assurer un avenir durable. Les services de l’État élaborent des textes de référence à valeur de loi qui régissent les actes à tous les niveaux. Ainsi, en septembre 2023, la préfecture de la région Auvergne-Rhône-Alpes a présenté au Groupe national Loup (GNL) le projet du prochain plan national d’actions (PNA) 2024-2029 sur le loup et les activités d’élevage. Ce plan, qui a fait l’objet d’une consultation publique du 14 novembre au 7 décembre 2023, renvoie bien sûr au statut de protection actuel du loup : « Le loup est une espèce strictement protégée au niveau international et européen. Cette espèce est inscrite à l’annexe II de la Convention de Berne et aux annexes II et IV de la Directive 92/43/CEE dite “Habitats, Faune, Flore”, où il est classé “prioritaire d’intérêt communautaire”. Au niveau national, il s’agit d’une espèce protégée au sens de l’article L.411-1 du code de l’environnement, classée comme telle par l’arrêté du 23 avril 2007 fixant la liste des mammifères terrestres protégés sur l’ensemble du territoire et les modalités de leur protection »².

Les organisations syndicales majoritaires du monde agricole accusent ce plan de ne pas en faire assez pour « réguler » le loup. Les grandes associations nationales de protection de la nature, quant à elles, s’élèvent contre le principe de tuer encore plus de loups sur la base de méthode d’évaluations des populations s’éloignant des principes prônés et rappelés par les scientifiques.
Le monde de la chasse française s’est fait assez discret sur le sujet jusqu’à 2023. Mais c’est au plan européen que les instances cynégétiques se félicitent d’une inflexion sensible de l’attitude de la Commission européenne qui, s’appuyant notamment sur des déclarations de sa présidente, a proposé le 20 décembre 2023 de réduire le niveau de protection de l’espèce, dont le statut passerait de « strictement protégé » à « protégé ».

C’est dans ce contexte que ce numéro de Penn ar Bed propose un tour d’horizon de la situation en Bretagne. Nous aurions apprécié de pouvoir y donner une part plus importante aux considérations strictement naturalistes et amoindrir celles relevant des champs politique et administratif, mais si le loup, du point de vue naturaliste, est une espèce que l’on peut étudier comme les autres, les réalités humaines lui collent peut-être plus à la peau.
Afin de préciser le contexte déjà évoqué, nous commencerons par une chronique du retour du loup, avant de nous intéresser à la façon dont la presse a rendu compte de ce retour en Bretagne. Deux éleveurs de brebis apporteront ensuite leur regard paysan sur ce retour. Il sera temps alors d’aborder le domaine naturaliste avec un article sur ce que nous apprend l’ADN ancien sur l’histoire des loups dans notre région et au-delà. Nous terminerons pas une série de réponses à diverses questions que chacun peut se poser au sujet du loup.

¹ Ce n’est pas la première fois, ceci dit, que le loup est en couverture de Penn ar Bed. Il le fut déjà dans le numéro 58, en septembre 1969, pour annoncer un article de Claude-André Fougeyrollas, « Le loup en Bretagne».

² https://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/projet-deplan-national-d-actions-2024-2029-sur-le-a2940.html (consulté le 9 janvier 2024)

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