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Hommage à Jean-Yves Monnat

Il est des rencontres marquantes dans nos parcours de vie qui déterminent notre destinée et nos orientations. Ce fut le cas pour de nombreux jeunes naturalistes et de jeunes étudiants qui croisèrent le chemin de Jean-Yves Monnat.

Né en 1942 à Locmiquélic dans le Morbihan, il adhéra à 17 ans à la Société pour l’Étude et la Protection de la Nature en Bretagne que venait de créer Michel-Hervé Julien.

Compte tenu de son aptitude à la varappe qu’il tenait d’ascendants paternels jurassiens, Michel-Hervé Julien fit appel à lui en 1966 pour recenser les pingouins torda qui nichaient dans les failles des falaises de Goulien. Cette découverte du Cap Sizun sera un coup de foudre immédiat qui sera renouvelé chaque année jusqu’à la fin de sa vie.

Titulaire au laboratoire de zoologie de l’Université de Bretagne Occidentale, il procédera à un inventaire complet des colonies d’oiseaux marins de Bretagne et créera en 1968 la Centrale Ornithologique Bretonne et sa revue Ar Vran, rattachée à son laboratoire.

La publication régulière des actualités ornithologiques bretonnes, ancêtres de Faune Bretagne, à une époque où l’informatique n’existait pas, sera déterminante pour fédérer les naturalistes bretons.

Fine plume et écrivain exigeant, il publie en 1973 le livre Bretagne vivante qui est une ode aux milieux naturels bretons.

Dans son bureau où défilent en permanence les étudiants et naturalistes bretons et où s’accumulent les piles de revues naturalistes et de papier, naîtra « Histoire et géographie des oiseaux nicheurs de Bretagne» en 1980, véritable ouvrage de référence qu’il écrira avec Yvon Guermeur.

A la même époque, il s’impliquera fortement dans le suivi des oiseaux marins victimes des trop nombreuses marées noires de l’époque. Parallèlement à ses activités naturalistes, il poursuivait son action militante au sein du bureau de la SEPNB dont il exerça la présidence et où son autorité morale et scientifique faisait référence.

Il commence en même temps son étude sur les colonies de mouettes tridactyles du Cap Sizun, une aventure qu’il poursuivra pendant plus de 40 ans, formant de nombreux étudiants qui poursuivront son œuvre, étude que seul un alpiniste chevronné pouvait effectuer.

Mais restreindre le champ d’activités de Jean-Yves à la seule dimension ornithologique serait très réducteur. C’était un naturaliste complet doté d’une curiosité et d’un savoir impressionnant, qu’il partageait volontiers avec ses talents de pédagogue et sa disponibilité. Dans la dernière partie de sa vie, il se consacrera à l’étude des lichens et ses travaux dans ce domaine feront référence.

Excellent bretonnant et chanteur de kan ha diskan, toujours ouvert sur les cultures du monde, Jean-Yves s’investira également dans une carrière d’ethnologue. En compagnie de son complice Donatien Laurent et dans le cadre du Centre de Recherche Bretonne et Celtique, il collectera entre 1963 et 1979 plus de 900 chansons en breton.

Pendant la marée noire de l’Amoco Cadiz, certains se souviendront de le voir en compagnie d’un chercheur du Pays de Galles autopsier plus d’une centaine de plongeons en utilisant le gallois comme langue de communication.

La maladie ayant été cette fois la plus forte, à l’heure où les premiers pétrels fulmars regagnaient leurs sites de nidification sur les falaises du Cap Sizun, Jean-Yves s’est éteint en cette fin d’automne à Goulien, sa terre d’adoption où il s’était retiré en 2002.

Il était de ces êtres qui sont dotés d’une éternelle jeunesse d’esprit et sa disparition en laissera plus d’un incrédule.

Kenavo Jean-Yves !

Ra vo skañv douar Breizh evidout ! (Que la terre de Bretagne te soit légère !).

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