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Procès de la méthanisation en Bretagne : nos alertes enfin entendues !

La méthanisation affecte gravement la biodiversité et les sols, BV et d’autres associations renouvellent leur demande de moratoire. Deux récentes affaires nous donnent raison, serons-nous enfin entendus ?

Procès de Châteaulin, le mal fait, mais reconnu !

Le 28 septembre 2023, se tenait le procès de l’accident du méthaniseur de Châteaulin, exploité par ENGIE BIOZ. Pour mémoire, en août 2020, 400 m3 de digestats s’étaient déversés dans l’Alune et dans son affluent provoquant une coupure d’eau potable pour 180 000 personnes pendant plusieurs jours, ainsi qu’un dommage grave à l’environnement.

Rappel des faits 

Bretagne Vivante, partie civile au procès, se réjouit d’une part de la tenue d’un procès public et non d’une composition pénale (procédure de négociation non-publique), car les dangers de la méthanisation doivent être connus des citoyens.
D’autre part, Bretagne Vivante est satisfaite des réquisitions du procureur de Quimper qui propose une amende à hauteur de 150 000 € pour le délit de pollution des eaux.

Les demandes des parties civiles seront examinées dans une prochaine audience pas encore fixée.

Pas de méthaniseur à Bannalec, une bonne nouvelle pour nos sols !

Autre victoire pour Bretagne Vivante et Eau et Rivières de Bretagne, l’annulation du projet de méthaniseur à Bannalec (29) par le Tribunal Administratif de Rennes.

Cette décision est importante, car le juge administratif fait le lien entre le plan d’épandage des digestats proposés par le projet et les marrés toxiques d’algues vertes. Par ailleurs, le jugement rendu ne laisse pas la possibilité au préfet ou au porteur de projet de régulation leur demande. Autrement dit, cette unité de méthanisation ne verra pas le jour en l’état.

Ces deux affaires démontrent qu’enfin les alertes de Bretagne Vivante et des autres associations de protection de la nature sur les dangers inhérents à la méthanisation sont entendues et comprises par les juges.

Nous demandons alors un moratoire sur la méthanisation, car elle affecte gravement la biodiversité et les sols.

5 raisons pour un moratoire

  • La méthanisation conforte le modèle agricole productiviste intensif 

La méthanisation pollue gravement l’eau, l’air et les sols ; elle détruit la biodiversité et banalise les paysages.

  • La méthanisation détourne les surfaces agricoles de la production alimentaire vers la production énergétique

Avec une augmentation des monocultures ( maïs, CIVE…) entraînant une perte de biodiversité.

  • La méthanisation contribue à détruire les sols vivants sur le moyen terme

> Le carbone organique, facilement utilisable, est transformé en méthane et ne sert plus à nourrir les écosystèmes des sols et leur équilibre, diminuant forcément la matière organique du sol, sa capacité à conserver sa structure, sa capacité à stocker de l’eau, et sa fertilité naturelle.
> Le carbone résiduel dans les digestats n’est pas aisément accessible aux micro-organismes du sol et leur biodiversité se dégrade.
> La connaissance sur la vie des sols n’est pas suffisante et impose au minimum à la précaution : elle doit être le mot d’ordre des naturalistes.
> La qualité des sols est déjà gravement endommagée par l’agriculture intensive et sa protection doit être une priorité.

  • La méthanisation est une énergie carbonée

C’est du méthane (CH4), comme le méthane fossile. La méthanisation  pérennise et encourage donc le développement de l’utilisation des gaz fossiles et des infrastructures.
Le bilan carbone est négatif et préjudiciable au climat, comme toute combustion de biomasse produisant des gaz à effet de serre (GES).

  • La méthanisation induit des risques à tous les niveaux 

> Sur les transports : augmentation du trafic, risques d’accidents.
> Sur la pollution de l’air, du sol et de la ressource en eau : fuite de méthane (grave émetteur de GES), émissions d’ammoniac, d’hydrogène sulfuré (H2S) et de protoxyde d’azote, fuite de digestats, risques sanitaires et risques d’explosions, etc.
> Sur la quantité d’eau à mobiliser : surconsommation de cette ressource qui va venir à manquer par l’abreuvement des élevages et par les besoins d’irrigation des cultures à mettre dans le méthaniseur (dont le maïs très gourmand).
> Ses risques financiers pour les agriculteurs (quid du démantèlement ?).
> Un plan d’accélération de la méthanisation en accordant aux énergéticiens de faire de gros projets subventionnés.
> Un taux de retour énergétique très faible, qui ne répond pas aux attentes et dilapide de l’argent public pour une énergie carbonée qui soutient l’agriculture intensive.

5 raisons pour un moratoire de la méthanisation en Bretagne (avec FNE Bretagne)

 

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