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La plus grande colonie de sternes en Bretagne décimée par la grippe aviaire

Les sternes bretonnes, espèces protégées et menacées d’extinction, sont décimées par la grippe aviaire sur l’île aux Moutons dans le Finistère. Quelles conséquences sur la pérennité de leur population ? Bretagne Vivante tire la sonnette d’alarme sur la recrudescence de l’épidémie sur la faune sauvage. 

Retour en 2022

En 2022, une épidémie d’influenza aviaire (grippe aviaire) sans précédent a affecté de nombreuses colonies d’oiseaux marins en Europe, touchant notamment les fous de Bassan, les labbes, les sternes et les goélands. À l’origine, ce virus hautement pathogène est apparu dans un élevage de volaille en Chine en 1996, avant de se disséminer progressivement dans l’avifaune sauvage à travers le Monde.

Cadavre de sterne pierregarin, espèce protégée

Il y a un an en Bretagne, au début de l’été, la grippe aviaire avait fortement impacté la colonie de fous de Bassan de la réserves des Sept-Îles et avait occasionné localement une mortalité chez les goélands. Cette année, les sternes, épargnées l’an passé en Bretagne, subissent à leur tour une forte mortalité. Bretagne Vivante, en lien avec les services de l’État, Préfectures, DDTM et Office français de la biodiversité, constate depuis quelques semaines, une très forte mortalité chez les poussins de tous âges et ainsi que chez certains  adultes. 

Pourtant, tout avait bien commencé…

Après une saison de reproduction 2022 marquée par un manque de ressources alimentaires et une forte prédation par les goélands, les sternes étaient revenues en masse sur l’île aux Moutons, dans l’archipel des Glénan (29), au début du printemps 2023.
Environ 2 500 couples de sternes caugek, 140 couples de sternes pierregarin et 30 couples de sternes de Dougall ont été dénombrées, fin mai dernier, faisant de l’île aux Moutons une des plus importantes colonies du littoral métropolitain.

Juin est habituellement le mois de l’élevage des poussins, qui s’envolent courant juillet. Mais cette année, ont succédé aux naissances non pas les scènes habituelles de ravitaillement incessant par les adultes, mais une véritable hécatombe parmi les poussins des trois espèces. Les cadavres de près de 2 000 poussins et plusieurs dizaines d’adultes de sternes et autres espèces côtières ont déjà été ramassés conjointement par les salariés de Bretagne Vivante et les agents de l’OFB chargés de la surveillance des maladies infectieuses des oiseaux et des mammifères sauvages (réseau SAGIR). Ces chiffres augmentent tous les jours.

©MLG – Bretagne Vivante

D’autres oiseaux périssent en mer ou sur le littoral après avoir perdu leur progéniture. Sur la dizaine de sterne caugek équipées de GPS au printemps dans le cadre du projet « Migratlane», portant sur la migration de l’avifaune dans l’Atlantique nord-est, 4 ont
d’ores-et-déjà été retrouvées mortes, 2 dans le Finistère, 1 dans le Morbihan et 1 en Ille-et-Vilaine, et toutes ont déserté la colonie suite à la mort prématurée de leurs poussins.

 

Des années d’efforts de conservation anéanties

©MLG – Arrêté sanitaire 

Par mesure de précaution sanitaire, les gardiens saisonniers de l’île aux Moutons, mobilisés par Bretagne Vivante, ont été rapatriés sur le continent depuis la multiplication des cas de mortalité. Un arrêté sanitaire préfectoral interdit désormais tout accès à l’île. Seul un débarquement hebdomadaire, en combinaison sanitaire ad hoc, permet de suivre l’évolution de l’épizootie et de ramasser les cadavres pour tenter de limiter sa propagation.

 

©MLG – Bretagne Vivante – Professionnels en combinaison

Malgré cela, chaque semaine le bilan s’alourdit et Bretagne Vivante ne peut que déplorer
l’anéantissement de décennies d’efforts pour conserver les derniers sites du littoral propices à la reproduction des sternes, espèces particulièrement menacées.

 

Le bilan de l’année 2023 s’annonce d’ores et déjà mauvais, voire catastrophique pour les populations de sternes.
Bien que les sternes soient des espèces longévives qui ont la capacité de faire face à un échec de reproduction une année donnée, la grippe aviaire affecte désormais chaque année des populations déjà fragilisées. En effet, les sternes doivent déjà faire face à la raréfaction des sites de nidification exempts de dérangements humains et aux changements globaux que subissent le milieu marin et leurs ressources alimentaires.

Contribuez à la sauvegarde des oiseaux marins

Alors que le risque sanitaire préoccupe les autorités, aidez-nous à faire face à cette épizootie, avant tout en respectant les sites de nidification et la réglementation qui s’y applique notamment l’interdiction d’y débarquer.

En cas de découverte d’oiseaux morts ou agonisant, n’y touchez surtout pas et prévenez la mairie qui prendra les mesures nécessaires.

Enfin, vous pouvez contribuer à la conservation des oiseaux marins en Bretagne en soutenant l’action de Bretagne Vivante.

 

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